En général, dans la tête des gens, l’arthrose se réfère principalement à une usure ou une pathologie dégénérative d’une articulation, avec comme image la destruction progressive du cartilage provoquant de la douleur et une dysfonction de l’articulation.
A la lumière des dernières recherches et publications scientifiques, cette vision est en fait partiellement erronée.
En effet, il existe une absence de corrélation entre les images radiologiques et les symptômes ressentis par des patients souffrant d’arthrose. De même, il n’existerait pas d’associations claires entre les images de l’articulation à l’IRM (qui est une imagerie plus précise pour l’arthrose) et l’état d’usure du cartilage et son épaisseur. Enfin, le cartilage n’étant pas innervé ni vascularisé, il semble bien qu’il ne soit pas un contributeur important des symptômes.
En fait, les recherches récentes ont montré que l’arthrose concernait tout ce qui compose et entoure l’articulation, qu’il s’agisse du cartilage, de l’os, de la synovie (« l’huile » de nos articulations), des ligaments, des muscles etc…
Et l’arthrose se caractériserait par une augmentation de l’activité des cellules et la formation de nouveaux tissus tout autour et dans l’articulation, se manifestant par exemple par la formation d’os nouveau (ostéophytes) au bord des articulations. Mais, il s’agirait en fait d’un processus de réparation normal qui est normalement lent et efficace. Cependant, ce processus d’arthrose ne semble pas avoir la même progression pour tout le monde, avec des gens ayant une évolution lente et progressive au contraire d’autres beaucoup plus rapide.
Un autre point est que contrairement à ce que l’on pensait jusqu’à maintenant, il y a un phénomène d’inflammation dans l’arthrose.
Cette inflammation jouerait un rôle important dans la présentation des symptômes et la dégradation du cartilage. Dans les phases initiales et terminales de l’arthrose, l’inflammation de la synovie serait commune. L’hypothèse est que cette synovite (inflammation de la synovie) serait due à des fragments de cartilage qui, une fois dégradés dans l’articulation, provoqueraient la production d’enzymes inflammatoires responsables elle-mêmes de la dégradation du cartilage, comme dans un cercle vicieux.
N.B: Dans le language courant le suffixe -ose est opposé au suffixe -ite qui signifie « inflammatoire » alors que le suffixe -ose désigne en fait un processus de transformation, ce qui colle tout de même avec la description moderne de l’arthrose qui est faite.
Un dernier point, et non des moindres, est que des études ont montré que ces processus pathologiques de l’arthrose sont parfois présents chez des gens qui ne présentent aucune douleur ! Cela signifie que d’autres facteurs entrent en ligne de compte lorsqu’on souffre d’arthrose. En effet, cela dépend également de facteurs psychologiques et sociaux qui interagissent de façon complexe avec les changement structuraux dans vos articulations (c’est ce que l’on appelle le modèle bio-psycho-social en médecine). Ces facteurs psychologiques et sociaux peuvent être, par exemple, un sentiment d’impuissance vis à vis de votre problème douloureux, votre croyance en vos capacités, l’anxiété, la dépression etc… Des fluctuations dans ses facteurs psycho-sociaux peuvent être liés à des variations de douleur, même si ne nous sommes pas sûrs si c’est la douleur qui entraîne cela ou l’inverse.
Note établie à partir de la référence suivante:
Bennell K, Hinman R, Holden M, Peat G . Knee osteoarthritis (2015).. Dans Jull G., Moore A., Falla D., Lewis J., McCarthy C., Sterling M. Grieve’s modern musculoskeletal physiotherapy (4th éd., p. 537). United Kingdom: Elsevier.